« Je ne suis pas né dans les choux mais dans les roses », ironise Fabien Ducher, à la tête des Roseraies Ducher, réputées dans le monde entier pour leurs coloris et parfums. Fondées en 1845, elles ont vu se succéder six générations d’hommes, passionnés de l’une des plus belles fleurs au monde. Elles sont aussi à la racine de la première exposition mondiale de roses à Lyon et d’une gamme de coloris et de parfums que seule une grande maison horticole est capable de créer. « J’ai aidé mon grand-père à l’âge de 10 ans et j’ai commencé à greffer à 12 », poursuit-il, reconnaissant de ce partage et de cet héritage. « Si mon père avait choisi de reproduire des plants à grande échelle (100 000 ventes de rosiers par an), j’ai préféré une approche plus qualitative ». En fouillant dans les archives familiales, ce sémillant mais discret quinquagénaire a jeté son dévolu sur les roses parfumées et poursuivi la création variétale. Bientôt spécialiste de LA Damas, cultivée depuis l’Antiquité, il collabore régulièrement avec l’Université de Saint-Etienne sur le parfum des roses. « L’expression « ça sent la rose » vient de cette fleur d’exception, reconnaissable entre toutes pour la complexité de son parfum et la richesse de ses vertus médicinales (anti-rides, astringentes, apaisantes…)».
C’est comme la vigne
Au regard des connaissances acquises sur le génome de la rose, Fabien est convaincu que l’humidité de l’air, la nature du sol et l’exposition au soleil le modifient. « Prenez des jumeaux, l’un vivant au pôle Nord et l’autre au Sahara. Leurs génomes respectifs évoluent en fonction de leur environnement » ! Et de poursuivre la métaphore de la gémellité, « la rose, c’est comme la vigne : elle donne le meilleur d’elle-même sur des terrains propices à son épanouissement ». Et le terroir de Montpezat, l’est particulièrement, avec ses sources naturelles, ses coteaux plein sud ou sud-ouest, ses sols argilo-calcaires… Des conditions idéales pour la croissance des rosiers et leur abondante floraison. « Quand je suis venu, avec mon équipe, planter et entretenir les rosiers, j’ai vécu des moments de grande sérénité et d’apaisement ». Ici, les roses se donnent en spectacle, avec en arrière-scène une vue magistrale sur les coteaux du pays de Serres, cher à l’écrivain Stendhal ou au philosophe Michel… Serres.