Biochimiste de formation et fondateur du laboratoire Altho en 2012, l’ingénieux Thomas Rostaing a décidé de concilier « sens et passion » à travers un engagement jamais démenti dans la cosmétique naturelle. Pour cet hyper actif et touche-à-tout, le végétal reste la clé de son insatiable curiosité et bien sûr, de son métier.

Ingénieur diplômé en biochimie, Thomas Rostaing fait ses premières armes dans les émulsions chez Rhône Poulenc. « J’ai fait de la recherche sur le travail des tensioactifs aux interfaces ». Après une brève apparition - quatre heures montre en main - dans un grand groupe cosmétique, il intègre la recherche d’Alban-Muller dans l’extraction végétale. A 24 ans, Thomas en deviendra le responsable de production et restera dans cette grande entreprise, de la première Cosmetics Valley pendant sept ans. Sept ans de réflexion… et d’action sur la création et le développement de produits à base d’huiles essentielles ainsi que sur l’agrandissement de l’atelier de production. Puis « j’ai voulu arrêter l’industrie et bénéficier d’une meilleure qualité de vie en retournant sur mes terres natales du Gers ».

C’était en 2007, l’année de son reset et de son retour aux sources. Pendant deux ans, le touche-à-tout retape sa maison, pierre après pierre, tuile après tuile, et commence à retravailler sur des formulations à base de phytothérapie et d’aromathérapie. Cette fois-ci pour le cheval. « Existant depuis 15 ans, la marque Equi Natura, 100 % bio, est très connue dans le monde de l’équitation mondiale ». Après avoir murmuré à l’oreille des chevaux, Thomas Rostaing retourne dans le monde des hommes. En créant son premier labo - Altho -, il voit grand et joue juste. Les huiles essentielles et les produits naturels ont le vent… en poupe. Neuf ans plus tard, Altho en formule plus de 600 et/ou s’occupe de leurs dossiers réglementaires, sa trentaine de salariés gère plus de 110 marques. Chapeau, Altho !

Au rythme de la plante

A 36 ans, Thomas retourne à ses premières amours avec la production de plantes médicinales. Il rachète onze hectares de terre et plante de la mélisse, de la sauge sclarée, de la menthe poivrée, de l’origan et de l’hysope. Un plantage… Leurs rendements sont indigents, le mal étant à la racine des plants. Tenace, il produit sur deux de ses hectares, lavande officinale, camomille romaine et hélicryse française. La qualité olfactive et la rentabilité ne sont toujours pas au rendez-vous.

Pour faire parler le végétal, autrement dit pour « mieux le sélectionner et le transformer », l’infatigable Thomas décide de mettre au point ses propres outils d’analyse et ses propres alambics. Une association « nature & progrès » bienfaitrice pour le rayonnement de la cosmétique naturelle. « Certaines plantes sont caractérielles. D’autres sont secrètes. Mais toutes se méritent ». Aujourd’hui il en sait long sur 140 d’entre elles mais avoue « n’avoir toujours pas percé les secrets de l’hélichryse » (immortelle d’Italie) en sept ans de travail ». Infatigable découvreur à la « vraie culture paysanne », Thomas Rostaing aime quitter son Gers natal et parcourir le monde en quête de rencontres humaines et de nouveaux arômes. Parfois il découvre un trésor « en ayant effectué plus de deux jours de marche dans une zone inaccessible et en finissant à pieds nus ». Ce fut le cas du gingembre bleu, sublime racine endémique de Madagascar, qu’il cultive localement sur plus de 11 hectares. D’autres fois, il est capable de distiller pendant seize heures une plante dans la mangrove au milieu des serpents d’eau. Un travail d’artisan pour la cannelle du Ski Lanka qui mériterait un trophée Koh-Lanta. Finalement la vie de Thomas a toujours été rythmée par la plante, dont il cultive 120 variétés à travers le monde et à laquelle il rend hommage dans un livre à paraître prochainement*. Sans compter la présidence d’un groupement sélectif de producteurs gersois sur 150 hectares de terres et le référentiel sur la naturalité en aromathérapie qu’il est en train de définir. Car même dans ce domaine, il faut séparer le bon grain de l’ivraie, c’est-à-dire les vraies huiles essentielles… des synthétiques. Un autre combat pour cet homme d’engagement et de conviction. *Au rythme de la plante

15 juillet, 2022